La boxe à la conquête de Fribourg. Shçipjon Hoti et Thomas Mboua en chefs de file

Pour la boxe suisse, Genève a toujours été au cœur des grands événements professionnels dans notre pays. D’abord dans les années 1920-1930 avec les champions d’Europe Badoud, Clément, Dubois ; puis pendant la guerre avec les Seidel, Frély, Etter ; enfin dans les années 1970 avec les Blaser, Nussbaum, Fiol, avant que l’avènement du populaire Fritz Chervet ne modifie le tableau, dès 1972. Dès lors, Berne et Zurich ont rempli les salles, où Fritzli a disputé ses cinq championnats d’Europe. Devenu l’enjeu des organisateurs, le petit Bernois attira des milliers de spectateurs au Hallenstadion de Zurich, et même 11'250 pour son championnat du monde contre le Thaïlandais Chionoi, en avril 1974.

Avec Giroud, Scacchia et Martelli, Genève puis Lausanne ont revécu quelques belles soirées durant la décennie 1980. Mais progressivement l’intérêt pour la boxe s’est déplacé outre Sarine, avec une forte immigration de l’Est et une augmentation spectaculaire des clubs. Désormais, en plus de Berne, ce sont les régions zurichoise, bâloise et saint-galloise qui sont au cœur des organisations, avec des meetings de plus en plus nombreux chaque week-end.

Face à cette nouvelle tendance, la Suisse romande fait figure de parent pauvre. Certes le Carougeois Kinigamazi, quintuple détenteur du titre mondial WBF des super-plume, a réussi à plusieurs reprises a mobiliser les passionnés genevois entre 2017 et 2020, mais bien en deça de ce qu’on avait connu jadis.

Depuis le 14 décembre 2019 et la grande réunion organisée à Forum, avec la collaboration du BC Villars-sur-Glâne, la boxe semble retrouver des couleurs en ville de Fribourg, où plusieurs clubs et salles d’entraînement privées accueillent désormais les adeptes de sports de combat. A Forum, plus d’un millier de personnes étaient venues voir la Fribourgeoise Olivia Boudouma, le Bâlois Vukshinaj, les Tessinois Franscella et Silva, le Valaisan Huber. Le championnat de Suisse des lourds-légers entre Benoît Huber et Zurichois Dzemaili (ko 10ème en faveur du Sédunois, mais dans la douleur) est encore en bonne place dans la mémoire des spectateurs !

Par la suite, la crise du covid et la nouvelle orientation des dirigeants de Forum avaient anéanti le bel enthousiasme des organisateurs. En août 2021, le championnat d’Europe féminin entre Boudouma et la Belge Derieuw n’avait pas eu le succès escompté, et il avait fallu attendre octobre 2022 pour revivre une grande soirée de gala, à la halle des sports de St.Léonard, à l’initiative du tout nouveau Boxing Club Fribourg.

Une « première » pour le BCF, avec une douzaine de combats amateurs et quatre combats professionnels. Elle avait permis au public fribourgeois de renouer avec la boxe de niveau international grâce à la présence du grand espoir bernois Angelo Pena, des  Carougeois Bryan Fanga, futur champion de Suisse et d’Afrique IBF, et Benjamin Claude, et du Biennois Mouafo. Quelque 1'200 spectateurs avaient assisté aux combats, ce qui autorise tous les espoirs dans l’optique du meeting du 20 avril prochain à la salle Sainte-Croix, avec les populaires Shcipjon Hoti (1m93/91 kg) et l’amateur Thomas Mboua (1m93/104 kg) en tête d’affiche.

Une belle promotion pour les deux espoirs fribourgeois, en particulier le lourd-léger Hoti (27 ans) qui a bien relancé sa carrière du côté de Bâle après plusieurs années d’interruption. Revenu au premier plan début 2023, il se révèle comme un réel sujet d’avenir, avec six combats victorieux, et la volonté de justifier ce nouveau statut. Le programme est complété par les deux Carougeois Yves Tazi (31 ans/3-0-0), un espoir « tardif » mais ô combien prometteur, et Anaïs Kistler (3-2-0). Quant au champion de Suisse Bryan Fanga, il n’est plus confirmé après l’annulation de son combat prévu à Munich ce soir-là !

Pour le club fribourgeois, qui crée l’événement pour la deuxième fois et propose aussi seize combats avec ses meilleurs amateurs, il s’agit d’une nouvelle échéance importante, sur les mêmes bases qu’il y a dix-huit mois, avec repas aux tables et cette fois la présence de la télévision GRTV pour la production d’images et la diffusion en direct en streaming via sa plateforme grtv.news. De quoi combler tous les supporters en mal d’émotions et de renforcer la réputation naissante du BCF vis à vis de tous les passionnés de boxe.