Les JO de Paris s’éloignent pour les Suisses. Pas de miracle non plus pour le Fribourgeois M’Boua A

A Busto Arsizio (Lombardie), il n’y a pas eu de miracle pour les représentants de Swiss Boxing en quête d’une qualification pour les JO de Paris, en juillet prochain. En l’absence du Morgien Adam Messibah, affecté par une infection pulmonaire suite à un camp d’entraînement en Espagne, tant Anna Jenni (Box Team Basel) qu’Ana Milisic (BC Glattbrugg) et le jeune Seifeddine Letaief (BC Winterthur) ont été éliminés malgré les espoirs qu’ils avaient fait naître auprès des responsables Christina Nigg et Federico Beresini.

Malgré son expérience internationale et ses ambitions légitimes, Anna Jenni (60 kg), quadruple championne de Suisse, a échoué de justesse aux points (2-3) face à la Coréenne du Sud Yeonji Oh, médaillée de bronze aux mondiaux 2018 et 2023 et plusieurs fois médaillée d’or aux Jeux asiatiques et championnat d’Asie ! Une décision difficile à accepter par le camp suisse, en particulier l’entraîneur national Federico Beresini. « Anne a disputé le meilleur match de sa carrière, dit-il. Elle a gagné le premier round 4-1, puis le combat s’est équilibré mais les juges ont voté en faveur de son adversaire (3-2 et 4-1), en particulier le représentant marocain qui a même vu la Coréenne gagner les trois reprises, ce qui a fait la différence ! » Une grosse désillusion pour Anna Jenni qui avait passé le premier tour par w.o. (forfait de la Pakistanaise Laura Akram). Désormais elle se concentre déjà sur son prochain objectif, le championnat d’Europe à Zagreb, à mi-avril.

 Déception également pour Ana Milisic (29 ans/57 kg), qui a d’abord gagné (grâce à ses longs bras) face à la petite Vénézuélienne Leilany Reyes (5-0), avant de s’incliner nettement devant la Polonaise Széremeta Julia, championne d’Europe U22 (0-5). Une élimination qui, comme pour Anna Jenni (49-33-2), anéantit trois années de préparation et de sacrifices. Echec aussi, mais au 1er tour, pour le talentueux mais inexpérimenté Letaief (22 ans/57 kg), dominé par l’Arménien Artur Bazeyan (0-5).

Quant à Thomas M’Boua, l’espoir du Boxing Club Fribourg, il était quasiment devant un pari impossible. Avec seulement neuf combats (tous gagnés) et seulement deux ans de pratique, il eût été miraculeux qu’il pût déjouer les pronostics les plus optimistes. Seul représentant du Cameroun (son pays d’origine), sans aucun officiel pour l’accompagner à l’exception de son entraîneur Michael Celeschi, le talentueux poids lourd du BCF (25 ans) avait déjà effectué son parcours du combattant avant de monter sur le ring !

C’est d’ailleurs grâce à la persévérance de Michael Celeschi qu’il a pu recevoir sa licence camerounaise après des mois de tracasseries administratives et une dernière semaine encore très compliquée sur place (il a payé de sa poche les frais d’inscription et il a fallu encore compléter dans une clinique privée italienne les tests médicaux insuffisants effectués en Suisse avant le départ pour l’Italie !). Pas de quoi décourager le clan fribourgeois et M’Boua, très déterminé et revenu victorieusement à la compétition début février à Tarbes (ko 1er) après huit mois d’inactivité suite à une chute de 8 m. dans une cage d’escaliers et une grave blessure à la cheville gauche.

Parmi plus de 600 inscrits représentant 113 pays (USA, Cuba, Italie, Ukraine, Chine, Corée, Royaume Uni, Irlande, Espagne, Maroc, Uruguay, Kazakhstan, entre autres), M’Boua le miraculé a confirmé d’entrée qu’il avait l’étoffe d’un combattant d’avenir après avoir battu aux points (3-2) le coriace Coréen Do Hyeon Kim. Un dur affrontement avec un solide poids lourd évoluant depuis cinq ans au plus haut niveau et qui a déjà participé à deux championnats du monde.

Emprunté par le style en fausse garde de Kim, M’Boua n’a pas pu passer ses jabs du gauche comme habituellement. Sa force de frappe lui a tout de même permis d’éprouver Kim et de l’envoyer une fois au tapis, sans parvenir à conclure. Un succès historique et qui fait la fierté du Boxing Club Fribourg, où M’Boua a été formé et où a débuté sa prometteuse carrière. Malheureusement l’arbitre de son deuxième combat a mis fin à son rêve en le disqualifiant au 3ème round (après trois avertissements pour tête basse) face au Norvégien Omar Shiba, vainqueur il y a un mois du champion d’Europe en titre.

M’Boua a livré un meilleur combat que contre le Coréen. C’est lui qui a mis les coups les plus puissants, mais trop passif en fin de reprises, là où Shiba plaçait ses accélérations, il était mené aux points. Une première défaite très frustrante, qui intervient après dix succès d’affilée et qui témoigne des possibilités futures de ce poids lourd atypique et très spectaculaire, qui est sur la bonne voie à condition d’acquérir de l’expérience et de continuer à progresser.

Pour les battus, il reste un ultime espoir de qualification, fin mai, à Bangkok.